La chirurgie de la thyroïde

En quoi consiste la chirurgie de la thyroïde ?

Plusieurs interventions chirurgicales peuvent être réalisées.

La thyroïdectomie totale consiste à enlever, comme son nom l’indique, la totalité de la glande. Celle-ci est alors adressée au laboratoire d’anatomopathologie pour examen histologique.

La lobectomie consiste à enlever un des deux lobes de la thyroïde. En fonction du contexte et si un risque cancéreux est possible un examen histologique au cours de l’intervention chirurgicale (extemporané) est effectué.

En fonction du résultat, l’opération peut se limiter à l’ablation d’un seul lobe ou au contraire être étendue à l’autre côté si la nature des cellules le justifie.

En cas de pathologie maligne un geste chirurgical cervical ganglionnaire peut être associé à la thyroïdectomie totale.


1) En pratique

Sonde d'intubation avec monitoring nerveux
Sonde d'intubation avec monitoring nerveux

L’intervention chirurgicale se déroule sous anesthésie générale avec intubation.

Ce n’est pas une intervention très hémorragique et les transfusions sanguines ne sont donc pas nécessaires.

L’incision cutanée est tracée à la base du cou, horizontalement, idéalement dans un pli naturel de la peau et mesure en quatre et huit centimètres de longueur selon le volume de la glande et le geste chirurgical indiqué. En cas de chirurgie thyroïdienne robot assistée, l’incision cutanée est déportée dans le creux axillaire et donc invisible

La durée de l’opération est de une à deux heures ; plus longue si un geste ganglionnaire cervical associé est indiqué.

En fin d’intervention des drains aspiratifs sont mis en place pour diminuer le risque d’hématome ; ils seront en règle générale retirés le lendemain.

La durée d’hospitalisation est habituellement de un à deux jours.

Le geste chirurgical et les suites post-opératoires sont la plupart du temps simples, c'est-à-dire que les complications sont rares (2 à 4% des cas) mais méritent d’être connues.

Incision cutanée
L'incision cutanée


2) Les complications

Cancer de la Thyroïde
Monitoring et sonde

a) le nerf récurrent (nerf laryngé inférieur) permet l’ouverture et la fermeture des cordes vocales. Ce nerf très fin passe à la face profonde de la glande thyroïde avant de pénétrer dans le larynx.

L'intervention peut parfois entraîner une irritation ou une lésion du nerf exposant le patient à une altération de la voix en cas d'atteinte unilatérale, à un risque de difficulté respiratoire en cas d'atteinte bilatérale.

L’atteinte du nerf est rare et le plus souvent transitoire. Les atteintes définitives sont de l’ordre de 2% des cas.

Une modification de la voix (tonalité plus grave, difficulté à monter dans les fréquences aigües) est souvent observée après la chirurgie. Elle est le fait de l'irritation d'un nerf accessoire (nerf laryngé supérieur) et s'estompe la plupart du temps en quelques semaines.

b) les glandes parathyroïdes sont de petites glandes situées au contact de la glande thyroïde et responsables du métabolisme du calcium. Lors d’une thyroïdectomie totale ces glandes sont exposées à un risque de dévascularisation et donc de dysfonctionnement.

L'atteinte définitive est rare ; l'atteinte transitoire plus fréquente. Elles justifient de prendre du calcium et parfois de la vitamine D exceptionnellement plus de quelques semaines à quelques mois.

c) Les risques d’hémorragie et d’infection inhérents à toute intervention chirurgicale sont très rares mais peuvent justifier une ré-intervention chirurgicale pour évacuer un hématome ou drainer un abcès.

d) La cicatrisation cutanée se fait en général dans de bonnes conditions et l’aspect définitif est obtenu en quelques mois.

Afin de rendre la cicatrice la plus esthétique possible et la moins disgracieuse, on peut utiliser de la colle cyano-acrylate pour fermer la peau. Cette colle permet au patient de prendre des douches dès le lendemain de l'intervention et est enlevée au bout de huit jours.

Chez les individus présentant un risque de cicatrice hypertrophique (chéloïde) et aujourd'hui de plus en plus à titre systématique chez tous les opérés, on peut utiliser à l'ablation de la colle cyano-acrylate des pansements siliconés adhésifs donnant d’excellents résultats esthétiques.

Chirurgie de la thyroide, incision cutanee
Incision cutanée fermée à la colle cyanoacrylate et drain aspiratif


3) Les avancées techniques

Chirurgie thyroïdienne robot-assistée
Chirurgie thyroïdienne robot-assistée

Pour diminuer le risque d’atteinte nerveuse on peut utiliser un un appareil de monitoring nerveux qui permet tout au long de la procédure chirurgicale de connaître l’état de fonctionnement du nerf.

Ce système est une aide au repérage et à la préservation du nerf. Il permet de diminuer l’incidence des atteintes nerveuses et de connaître l’état fonctionnel du nerf du premier côté opéré avant de se consacrer au deuxième côté et ainsi d’éviter la complication redoutable d’une paralysie bilatérale.

L'utilisation du bistouri d'ultracision (lame vibrante ultrasonique) au lieu du bistouri électrique traditionnel permet, par la réduction de la diffusion thermique et de la carbonisation et l'absence de passage d'électricité donc de stimulation neuro musculaire, de réduire significativement :

Les pertes sanguines per et post-opératoires, la douleur ressentie par le patient, la durée opératoire et d'hospitalisation, l'hypocalcémie transitoire consécutive à une thyroïdectomie totale, le risque de brûlure des structures nerveuses.

La chirurgie thyroïdienne robot-assistée est une technique mise au point et développée en Corée du Sud en 2006. Il n’y a plus de cicatrice cervicale puisque celle-ci est située dans le creux axillaire et n’est donc pas visible. La vision magnifiée et amplifiée du champ opératoire associée à la précision du geste chirurgical, rendent la technique extrêmement séduisante. Aujourd’hui nouveauté technologique, la chirurgie robotique sera probablement le standard de demain/

 

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